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Baby Gray
Vampire Partisan
Messages : 71
ARRIVÉE : 30/08/2016
Localisation : je me situe dans mon lit, et le vilain Morphée me guette nuit et jour ; il adore me prendre dans ses bras, ce con.
Baby Gray
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Wellan de Bürgstag
feat. hugh jackman

Nom : von Bürgstag, Wellan porte le nom de la ville dont il est originaire, et dont il fut le Roi, de nombreux siècles auparavant.
Prénom(s) complet(s): Wellan Gottfried Walherich Theotleip
Race : Humain/Vampire
Âge : 883, vampirisé à 35 ans
Groupe : vampire
Origines : Rhénanie (Allemagne actuelle, originaire de la ville de Bürgstag)
Métier/Rang : Wellan est l'investigateur de la Rébellion et du mouvement des opposants. À la prise de River Crow, il monta une armée vampirique et humaine pour se soulever contre l'oppression de Léandre. Il est le dirigeant de la Fondation MacGregor, fondation créée par son Sire, Théodène, qu'il a repris en main après sa mort dans le but de protéger la race humaine.
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Apparence

Décrire ici l'apparence du personnage, ses mimiques, son expression, ce qu'il dégage d'un point de vue extérieur
Pouvoir
Il est difficile de cerner le pouvoir du De Bürgstag, tant il peut s’avérer subtil et discret. La manière probablement la plus juste pour décrire ce phénomène serait très certainement de parler d’une aura qu’il émane en permanence. La plupart du temps, il s’agit de sérénité, de calme, de paix et de sérieux qu’il transmet comme un virus extrêmement contagieux à quiconque se trouve dans la même pièce que lui. Les témoignages de ceux qui ont pu côtoyer l’Allemand parlent d’un état de transe, d’hypnose conscient, dans lequel ils ont été plongés. Un sentiment de légèreté, de chaleur, de confiance, dans lequel ils se sentent à l’aise. Comme dit plus haut, cette impression-là apparaît la plupart du temps. Car cette aura, aujourd’hui, Wellan peut la contrôler plus ou moins à sa guise, ou la laisser simplement suivre le mouvement de ses émotions. Il est inébranlable, calme, sérieux, droit, et profondément gentil, et c’est dans cette mentalité-là qu’il se montre le plus souvent. Mais il suffit qu’une autre émotion vienne obscurcir son esprit et là, il n’est pas impossible que son aura vous contamine également de cette nouvelle émotion. Les effets de ce « pouvoir » sont principalement physiologiques… avec les conséquences qu’ils peuvent induire sur l’esprit…

Au fil des siècles, Wellan s’est découvert un autre pouvoir. Celui de s'emparer des souvenirs des autres au détriment des siens. Plus il plonge dans les souvenirs de la personne, plus il deviendra amnésique. Il est d'ailleurs atteint d'amnésie partielle, conséquence du poids des siècles derrière lui. Il a la capacité d'enfouir des souvenirs qu'il préfère oublier. Comme par exemple certains moments passés avec Léandre. Mais ses souvenirs ne disparaissent jamais complètement…
Psychologie
Wellan, c’est cet homme, là, posé sur son fauteuil, dans son bureau qu’il ne quitte que très rarement, raison pour laquelle de nombreux rebelles et opposants ne l’ont même jamais vu. Wellan, c’est lui, celui qui semble imperturbable, intarissable. Son flegme émane de lui comme un doux parfum, enivrant, comme une aura de sérénité, de sang-froid, n’affichant que rarement des émotions intenses telles que la colère ou la peur. Il est aujourd’hui assez sage pour comprendre la colère sans l’attiser et pour ne craindre que très peu de choses, tout en sachant que ses sentiments peuvent parfois s’avérer très utile. On dit tellement de chose de lui. On vante sa générosité sans faille, sa munificence, sa bienveillance. Il est comme un ange tombé du ciel pour venir garder un œil sur l’humanité, des hommes ou des vampires, sur les faibles. Il les fait même tous avant lui, il n’hésiterait pas à s’écraser pour vous faire passer devant lui. Autrefois Roi de son royaume, il a été considéré comme le plus juste de tous, le plus proche de son peuple duquel il prenait toujours le parti. Son œil sage et avisé sait pardonner. Là où de nombreuses personnes auraient renoncé à épargner un individu pour un certain crime, Wellan, lui, fait preuve d’une intarissable indulgence. Il est mû par des espoirs d’optimistes, que certains considèrent comme utopiques, mais sa miséricorde a déjà sauvé plus d’une bonne âme. Il sait voir le meilleur en chaque personne, et pourtant certains lui reprochent de voir les gens mieux qu’ils ne le sont véritablement. Il est perspicace, sagace, et émotionnellement intelligent. Sa connaissance de la vraie personnalité des gens va bien au-delà d'être simplement un bon juge de caractère. Cette perspicacité le rend aussi extraordinairement bon dans la manipulation des gens, dont il est tout à fait disposé à faire usage s'il le juge nécessaire. En effet, Wellan a certes de nombreuses extraordinaires qualités, mais il est aussi une personne parfois perfide et trop astucieuse. Il peut être stoïquement pragmatique et extrêmement enclin au secret, préférant taire certains détails dans le but de protéger les siens… Sauf que ce n’est pas toujours le cas. Il est peut-être trop solitaire, trop mystérieux. Mais il laisse sa réputation le précéder, car en réalité, une fois qu’il se tient là, juste en face de vous, il sait parfois se montrer souriant, hospitalier, même parfois taquin, espiègle et farfelu. Il utilise souvent l’humour pour que les personnes se sentent à l’aise en sa présence, que beaucoup jugent impressionnante, voire intimidante… À juste titre. Car même dans son humour, il reste intelligemment sérieux, grand et… pénétrant. Même quand il sourit, on ne peut oublier son côté dur, sec, ferme et assurément autoritaire. De la tendresse, de l’amour, il n’en montre que très rarement. Voire jamais. Il est froid, sérieux, et mûr. Constamment déterminé, motivé par sa croyance en la puissance de l’esprit humain. Il prône la justice, le courage, l’espoir, l’humanité, l’humilité, l’amitié et la vérité. Et toute ces valeurs, combinées avec une sorte de ruse et une subtilité d’esprit lui permettront, l’espère-t-il, de saisir la nature humaine et de transformer les meilleurs aspects de l’humanité pour parvenir à ses fins, notamment à raisonner son frère. Il ne montre jamais d’arrogance ou de vanité, il est humble et modeste tout en étant au courant de ses valeurs, c’est pourquoi il n’a pas recours à la fausse modestie et, si une situation le justifie, il est parfaitement disposé à reconnaître son intelligence et son pouvoir. Cependant, il n’est pas sans connaître ses propres faiblesses, et il travaille dur pour les garder sous contrôle. Sa plus grande faiblesse, c’est son opposé, son frère, son amant. Il lui voue cet amour viscéral, charnel, inconditionnel, au même point que sa volonté de le haïr. Il aimerait oublier cet exécrable sentiment qui le lie à Léandre, parce qu’il l’aime tout autant qu’il le répugne, il aimerait l’oublier, ou le soigner, le raisonner… Ses convictions le poussent à croire que Léandre n’est pas une cause perdue, qu’il peut toujours obtenir son salut, qu’il peut redevenir l’homme qu’il était avant qu’il ne sombre au plus bas et qu’il abandonne toutes ses bonnes convictions. Wellan espère le sauver… Il veut le sauver tout autant qu’il veut le tuer… Mais il ne peut s’y résoudre… Alors il donnera tout ce qu’il peut pour protéger River Crow de l’oppression de Léandre, avec l'armée qu'il a créée, l'armée de rebelles, les opposants… Il fera ce qu'il lui semble être le meilleur pour la race humaine.


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Baby Gray
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CHRONOLOGIE



– 1161, naissance du prince bürgstagien
– 1176, mort du paternel, Wellan devient roi à l'âge de 15 ans.
– 1196, prise de Bürgstag par les ennemis, vampirisation.
– 1199, Arles, rencontre de Blanche Arnault de Bellecombe, éloignement progressif de Léandre
– 1206, vampirisation de Blanche
– 1256, ban de Léandre et Callan, début de la communauté de Théodène.
– 1312, création de la Fondation McGregor par Théodène, avec l'aide de Wellan.
– 1456, premier conseil vampirique à Orange
– 1599, mort de Théodène en Finlande
– 1715, pauvre petit Lélou sur la croix…
– 1942, prise de River Crow par Lélou.


NERION
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Baby Gray
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Mémoires de Wellan (extraits)


« En faisant scintiller notre lumière,
nous offrons aux autres la possibilité d'en faire autant. »

Livre I, ch. 1.
Hiver 1196, Bürgstag.

Hier je mourus. Aujourd’hui, je me relève, arraché brutalement au Paradis auquel j’étais destiné.

À quel prix ? La peur m’assaillis chaque seconde qui passe depuis ce réveil morbide. Je n’ai guère l’envie d’oublier, et pourtant, je peux sentir mes souvenirs, doucement, me quitter, le temps me les retirant au travers de l’œil d’une aiguille, et je ne puis rien faire pour garder leur familière chaleur auprès de moi. Théodène me conseille d’écrire mon histoire, et, c’est bel et bien ce que je suis en train de faire. Ma langue est encore figée, incapable de prononcer le moindre mot. Chacune des parties de mon corps me font atrocement souffrir, de cette douleur mordante que l’on peut ressentir lorsque l’on laisse un membre trop longtemps sous la glace ou la neige. Chaque cellule de mon être se transforme en un morceau acéré de pierre inerte, tranchante. Je meurs de l’intérieur, et pourtant, mon esprit habite toujours ce corps. Si l’on peut vraiment dire cela. Mon esprit s’obombre au fil que la douleur s’évanouit et occulte sournoisement tous mes souvenirs. Ils m’échappent, je vais donc me les écrire. Je ne veux pas oublier qui j’étais, je ne veux point oublier mes valeurs humaines à cause de la cruauté du Diable et des créatures de la nuit. Je fais ainsi le serment de me battre éternellement contre le chaos et le sang de cette cruauté inhumaine.

Je naquis aux Nones du mois de juillet, en l’année mille cent soixante-et-un, un jour que feu ma mère me décrivait comme ensoleillé et chaud, une journée pleine de douceur comme le rejeton qu’elle venait de mettre au monde. Et je mourus au mille cent quatre-vingt-seizième anniversaire de la naissance du Christ. L’histoire du Roi Wellan Gottfried Walherich Theotleip von Bürgstag aurait pu sombrer dans l’oubli, emporté par les brises algides de cette nuit-là. Mais à la place du trépas, on m’offrit une nuit éternelle, faite de questions et d’incertitudes. J’ignore ce que ce cadeau forcé me coûtera. Mais y puis-je vraiment quelque chose ?

Fils unique d’Adelheid et du roi Ludwig II. von Bürgstag, je grandis dans une opulence simple et généreuse. Mes parents ne me traitèrent jamais avec les privilèges que l’on réservait à l’accoutumée aux rejetons des rois. Ils me disaient souvent que pour comprendre son peuple, il faut partager leur vie. Bürgstag était une ville prospère, et jamais l’un de ses rois n’eut l’ambition d’étendre son royaume  en décimant des populations voisines. Jamais ils n’eurent de réelles soifs de pouvoir. Bürgstag constituait un peuple modeste et heureux, une communauté soudée et entièrement autosuffisante entre des murs que l’on pensait inébranlables.

Lorsque j’atteignis l’âge effervescent de quinze ans, Bürgstag perdit son roi, et je perdis mon père. Selon les règles du monde, je montai sur le trône de la ville, davantage dans le but de perpétuer l’image d’une présence royale et satisfaire ce besoin que le peuple éprouvait d’avoir un roi, que dans l’optique de réellement y gouverner. J’estime probablement à juste titre que cet âge-là ne confère pas encore les bons outils pour être à la tête d’un royaume, aussi modeste ce dernier soit-il. Je partageais toujours le trône avec ma mère, la Reine, qui continua mon éducation royale de manière à ce que j’apprenne que le devoir d’un souverain était celui de faire passer les besoins de son peuple avant ses propres envies, car les besoins du peuple sont les véritables besoins du roi. Elle me répétait sans cesse que les hommes sont, par nature, libres et n’ont pas besoin d’un roi, mais que les rois, eux, ne seraient absolument rien sans leur peuple.

Ma mère ne fut pas la seule conseillère à glisser ses idées dans mes oreilles. Je fis bien vite la rencontre de Théodène de Macédoine et Léandre de Bourbon. Deux personnages mystérieux mais tout à fait instruits et perspicaces dans la vision du royaume. Ils conseillaient déjà mon père avant moi, et je m’étonnai alors de leur enveloppe remarquablement préservée. Je ne m’en posai point de questions supplémentaires, certaines personnes étaient ainsi dotées d’une jouvence prolongée.

Bürgstag était en guerre depuis de longues décennies, probablement même depuis sa fondation. De nombreux peuples voisins étaient avides de posséder cette place forte immense barricadée par des murailles indestructibles. Mais riposter contre ces ennemis nous aurait rendu plus vulnérables, les habitants de Bürgstag n’étaient pour la plupart pas de farouches combattants, et comme nous ne manquions de rien, nous restions à l’intérieur de la ville comme dans une bulle qui nous confinait dans un autre monde. Cependant, il suffisait que les conditions climatiques ne soient pas bonnes durant une saison et nos récoltes étaient considérablement réduites. Prospère, mais soumis aux mêmes lois que le reste du monde, nous n’étions pas à l’abri de la Mort.

Deux années plus tard, j’épousai celle qui serait ma femme pour le restant de mes jours, la petite fille avec qui j’ai grandi, avec qui je jouais innocemment dans les sylves environnantes, la jeune femme qui m’avais épaulé au travers de toutes les incertitudes que m’ont insufflées le trône. La femme au sourire parfait qui avait su, par sa prestance et sa beauté, inspirer le respect aux habitants et charmer mon cœur palpitant. Quelques mois plus tard naquit le nouvel héritier du trône, mon fils, Wilhelm. Une poignée d’années plus tard, ce fut Hedwig qui vit le jour. Ma femme, Lorelei, fut probablement celle que j’aimai le plus, le premier amour sacré, si puissant. Jamais je n’eus le désir d’aller trouver amante pour mouvementer mes nuits et satisfaire mes pulsions mâles. Non, en revanche, après quelques années, devenu un véritable homme tant en apparence que dans les pensées, je me rapprochai de plus en plus du fils de Théodène, Léandre, à tel point qu’il devint un amant chaste en plus d’occuper une haute place dans le cercle de mes amitiés.

Il m’est difficile de me figurer qu’hier encore, une vie truculente m’animait et animait encore également la Reine, ma femme, ainsi que mes deux enfants. Je les pleure constamment, leur absence a percé un trou béant dans mon cœur qui n’émet plus même le moindre battement. Mes larmes ne sont même plus véritables, elles sont de sang et de suie, à l’image de tout mon être qui sanglote dans une marre de sang.

J’ai l’étrange sensation qu’une éternité grandissante s’est écoulée entre la flèche qui transperça mon estomac, et mon réveil dans les cendres de ma ville, Bürgstag. Ma douce Bürgstag. Cette douleur ne semble plus même m’appartenir… Le sang, mêlé aux sucs gastriques qui rongeaient mes organes, remontait dans ma gorge… L’odeur du fer, omniprésente, souillait mon flanc et mes mains, en quantité surabondante. Je souffrais atrocement, j’agonisais, ma vision se troublait, mes forces me quittaient. Pourtant, la nuit ne faisait que commencer. Je crois qu’il me fallut une heure avant de m’effondrer sur mon lit tâché de mon sang acide. Théodène essayait de panser ma plaie et de retenir le liquide cinabrin qui s’échappait lâchement de mon corps. En vain. J’entendais des cris, sourds et stridents, de plus en plus forts… Je cherchai ma femme, la Reine. Vainement, je n’y voyais rien. Je me demandai également où étaient mes enfants. Je ne les voyais pas. Je ne comprenais plus ce qu’il se passait. J’avais froid. J’avais mal. Et je m’évanouis.

Humain, je le fus. Hélas, mon humanité semble quitter peu à peu mon esprit. Par quoi sera-t-elle remplacée ? Je n’en sais trop rien. En réalité, pour être tout à fait franc avec moi-même, je n’ai pas envie de le savoir. Je me contente de m’accrocher fermement aux vertus que l’on m’a jadis inculquées, au Bien, qui, je l’espère, laissera des vestiges indélébiles en moi. Je refuse de laisser cette noirceur inconnue m’atteindre, je refuse de céder à la douleur, je refuse de laisser des émotions impures prendre le contrôle de mes convictions, de ma nature, au-delà de ma raison. Je refuse.




Livre I, ch. 2.
Où ? Quand ?
Le temps et ses notions m’échappent. Vaporeux, les jours passent, les semaines, et les mois sûrement. La douleur ne me quitte plus, véritable vermine, sangsue qui adhère à mon être tout entier et pompe le peu d’énergie qu’il demeure en moi. Chaque personnage qui a la malchance de croiser mon chemin me donne cette irrépressible envie de me jeter sur lui et de presser sa chair sanguinolente entre mes dents et le vider de tout son liquide vital. Je me dégoûte profondément pour m’aventurer dans de tels songes. Je ne suis plus moi-même, tout contrôle tend à m’échapper ; si Théodène ou Léandre, mon ami, n’étaient présents, j’aurais sans le moindre doute sombrer dans des instincts qui ne ressemblent en rien aux valeurs auxquelles je m’évertue de tenir fermement. Je souhaite que ce feu, brûlant dans ma gorge, soit enfin étouffé. Mais vainement, je patiente dans l’espoir de ma délivrance. Théodène se trouve toujours à mes côtés ; il m’écoute et j’ai l’intime impression que je peux me reposer sur lui et sur le fait qu’il puisse les protéger, eux, les humains, de ma nouvelle nature destructrice. À tout moment, je sens qu’il m’est possible de commettre un crime qui condamnerait mon âme à se noyer dans un océan de ténèbres et d’insalubrités incoercibles et irréparables. Je m’efforce ardemment de ne pas franchir le pas de la perdition. J’y parviendrai, et pour cela, je compte sur l’aide et le soutien de Théodène, pour la bonne raison que je ne me sens pas réellement capable de me contrôler seul. Je pensais pouvoir compter également sur l’aide de Léandre, mais il se comporte de manière assez étrange et distante depuis… quelques jours, je suppose. Il semble plongé dans les regrets. Quelque chose s’est indubitablement passé durant mon état temporaire d’inconscience, ou de mort. Il reste en retrait alors que nous étions si proches encore quelques jours plus tôt. Il était, et est toujours, mon amicus, mon véritable ami, pour lequel je serai prêt à mourir définitivement.



Livre IV, ch. 1.
1199, Arles
Petit à petit, j’apprends à oublier les défauts de ma nouvelle nature, j’apprends à vivre sans la lumière du soleil, sans cesse à devoir me cacher de ses rayons. Maintenant, je parviens à contrôler cette soif instinctive, systématique, qui, avant, me tordait les tripes à chaque fois qu’un humain croisait mon chemin. Le battement des palpitants ne m’insupporte plus. Je peux enfin déambuler paisiblement, seul sous les rayons froids de la Lune, dans la ville d’Arles, où nous nous sommes arrêtés, Théodène, Léandre, Callan – son compagnon de voyage, fruit de sa hargne et de sa vraisemblable perdition, et l’homme qui m’avait ôté la vie et à qui j’avais résolu de pardonner son erreur – et moi. Alors que, ces dernières années, je m’étais passablement confiné en restant à l’écart de tout humain qui aurait pu rencontré mon chemin, et que j’avais par conséquent passé la plupart de mon temps en compagnie de Théodène, je me permis en arrivant à Arles d’élargir le cercle de mes rencontres. Léandre se montrait distant et semblait presque épris de jalousie, ou que sais-je, en me voyant passer la majorité de mon temps avec Théodène. Mais lui, mieux que quiconque, aurait dû comprendre que l’éducation d’un vampire ressemble énormément à celle d’un enfant. Pour gagner suffisamment de contrôle afin de ne pas décimer des familles entières, cette éducation dure même des années. Je suis désolé, mon frère, si tu nourris un certain ressentiment à mon encontre, parce que tu étais habitué à avoir Théodène pour toi seul. Rien de tout cela ne se passerait si j’étais simplement mort, cette nuit-là. Je suis désolé si tu as ressenti le besoin de répandre la misère pour attirer l’attention. Désolé, je le suis bien plus que je ne le laisse paraître, de même que ta distance me fait souffrir, Bruder.

À Arles, je fais des rencontres merveilleuses, et loin me semble l’époque où nous vivions la guerre, même si ce ne fut qu’une poignée d’années avant aujourd’hui. Je peux également parfaire mes connaissances de la belle langue que l’on parle dans cette ville, ainsi que me faire des amies, et des amies. Comme cette jolie jeune femme. Blanche Arnault de Bellecombe, qui a cet étrange et puissant don d’agripper mon cœur et d’y créer une dépendance merveilleusement insupportable. Vous le savez, j’ai le cœur généreux, et quand m’apparaît une femme à l’humanité, l’intellect et la munificence dignes d’une légende, il ne met que très peu de temps pour chavirer. Je dois bien avouer que les discussions que j’entretiens avec elle sont de véritables bouffées d’air frais, alors qu’auparavant, je suffoquais à cause de cette nature qui me plaçait constamment dans une prison où coulaient les envies de sang, la faim et la souffrance.

La spontanéité des humains m’avait insupportablement manqué. Damoiselle Arnault de Bellecombe m’emplit d’une silencieuse allégresse. Sa beauté est tout bonnement resplendissante ; des jambes élancées, de longs cheveux qui diffusent constamment un doux parfum floral, un sourire et des traits si doux et attendri qu’on ose à peine poser les yeux dessus. Elle est toujours très bien apprêtée, et sa peau, ses formes et les traits fins de son faciès sont exquisément bien conservés. J’aurais aimé qu’elle soit ma femme, et qu’elle puisse porter en elle mes enfants. Malheureusement, ces pensées sont désormais pour moi simplement inimaginables. Je ne peux, de plus, la rencontrer que les soirs, lorsque le soleil se musse derrière l’horizon. L’autre jour, elle voulut m’inviter lors d’un déjeuner en jardin, en pleine journée, mais je ne pus lui rendre une réponse positive, à mon grand désarroi. Je ne pus même admirer le coucher de soleil en sa compagnie. Tout ce que je pus bien lui proposer, ce fut de la voir une fois la nuit tombée. Elle va probablement se douter de quelque chose, se dire que je ne suis pas un être tout à fait normal. Peut-être va-t-elle même croire que notre amour est impossible ? J’en ai tellement peur…

Ses lèvres ont touché les miennes. Je crois n’avoir jamais ressenti une émotion me frapper avec une telle puissance. Peut-être est-ce la conséquence de toutes ses années de confinement, outre le fait que ma nature actuelle exhibe chacune des émotions que je puisse ressentir. Vous savez, ce genre de sentiment si agréable, si libérateur que vous êtes obligés de le contenir, et de ce fait il vous donne l’envie de crisper tous vos muscles vous arracher le cœur… C’était exactement ce que je ressentais. En plus de la crainte et de l’angoisse de me lancer dans la mauvaise direction. Et pourtant, j’avais l’intime conviction que Blanche me montrait le bon chemin à prendre… Un peu comme ce que j’avais pu ressentir au début, avec Léandre, dont l’instabilité était maintenant à nouveau en pleine acmé. Je suis venu plusieurs fois vers lui, lui demander ce qui n’allait pas, mais malgré les efforts que je pouvais faire pour essayer de lui décrocher un sourire et de l’aider d’une quelconque manière, il gardait cette tendance à se renfermer sur lui et à prendre ses distances. Que puis-je bien faire ? J’aimerais savoir quoi entreprendre pour ne serait-ce que le faire sourire. Et je ne peux m’empêcher de me sentir coupable de cet état dans lequel il se met. Peut-être pense-t-il que je ne suis pas en mesure de le comprendre… Après tout, il est presque d’un siècle mon aîné.

Blanche Arnault de Bellecombe. Plus je la voyais, plus elle devenait belle, plus son sourire réchauffait mon cœur macabre et sans vie, plus elle donnait vie à mon humanité. Nos discussions tournaient toujours en railleries et légèretés, et finalement, nous riions tous deux aux éclats si bien que les voisins nous jetaient leurs souliers en pensant que nous n’étions que deux adolescents filant une amourette bruyante, rebelle et truculente, les empêchant de dormir par une heure si tardive à cause des nombreuses œnochoés goulument vidées. J’ai fini par l’emmener dans notre demeure, dans cette vaste chambre. Je voyais bien une certaine tristesse planer dans son regard. J’en vins à lui demander ce qui n’allait pas, mais ce n’est qu’une fois que nous tombâmes dans mon lit, notre nudité collée l’une contre l’autre, qu’elle me confia ses craintes.

« Wellan… Je ne peux pas porter vos enfants. »

J'embrassai avec encore plus de ferveur ses lèvres dont la douceur descendait probablement des anges.

« Je suis incapable de vous en donner, Damoiselle de Bellecombe. »




Livre IV, ch. 2.
Arles
Certaines personnes ne cesseront de me surprendre, tant leur bienveillance et leur munificence sont absolument sans condition. Ces gens-là m’inspirent, et j’espère, j’espère vraiment, leur ressembler. J’espère avoir été un bon roi envers mon peuple, lorsque la ville de Bürgstag existait encore, j’espère avoir été un bon mari avec ma reine, un bon père avec mes enfants. Que Dieu bénisse leurs âmes et les absolve de leurs souffrances.

Je me souviens du regard de Léandre, ce matin. Ce regard incernable, empli peut-être de dégoût, de colère, de ressentiment. Je n’en sais rien, à vrai dire, et je ne saurais point dire non plus si j’en dois porter la moindre once de responsabilité. Ce qu’il se passait dans sa tête, je n’en avais pas la moindre idée, de même que j’ignorais quelles horreurs Callan avait pu fomenter dans son crâne. Quoi qu'il en fût, Léandre ne passait plus son temps avec nous, j'ignorais bien ce qu'il pouvait lui dire, à Callan. Mais je me rendais compte que notre père n'avait plus le moindre impact sur lui… et moi non plus.  

Blanche s'était levée alors que je dormais encore profondément et ouvrit les volets pour que la lumière naissante du soleil nous caressât la peau dans ce petit nid d’amour. Elle ne savait pas qui j’étais, qui nous étions. Elle ne pouvait pas savoir. Avant que ma peau dénudée ne prît feu à cause du soleil levant, j’eus le temps de me précipiter à l’abri, dans un couloir sans fenêtre de notre demeure, tout en lui hurlant de fermer les volets. De ma peau rubescente léchée par les rayons de l’astre diurne s’échappait encore une espèce de fumée putride, lorsque je croisai à nouveau le regard de Blanche. L’incompréhension brillait dans son regard, et je ne trouvai point les mots pour lui expliquer ce qu’il venait de se produire. Elle eut peur ; je peux encore entendre les battements effrénés de son cœur dans sa poitrine alliciante. Je restai planté là, assis contre le mur, ma peau brûlée encore douloureuse. J’étais tout simplement tétanisé du regard que Blanche allait me jeter lorsqu’elle comprendrait… Mais je ne pouvais plus me cacher, et je me devais de lui dire la vérité. J’étais incapable de lui mentir. Je me sentais incapable de la faire souffrir.

« Blanche, approchez… vous n’avez pas à me craindre. Malgré les apparences, vous ne souffrirez d’aucune maladie à cause de moi. »

Désespéré, je l’étais. Qu’elle me quittât, je ne le supporterais pas, surtout avec cette distance que Léandre s'efforça encore de faire croître entre nous depuis qu’il passait nouvellement son temps avec Callan, qu’il avait fait l’un des nôtres. La jalousie le possédait-elle ? Ne m’aimait-il plus ? Aurait-il préféré que je meure lors de l’assaut à Bürgstag ? Aurait-il préféré ne garder Théodène que pour lui ? Je n’arrive plus à savoir ce qu’il se passe dans sa tête. Une noirceur s'emparait de son esprit et le rendait imperméable à toute remarque, une noirceur qu’il créa lui même et que Callan ne faisait que nourrir… Que puis-je faire ? Je me sens tellement impuissant face à mon frère…

« Je ne suis guère comme le commun des gens de ce monde. On m’a un jour soustrait à la mort par le sang, la souffrance et la faim, me condamnant à ne vivre plus que la nuit pour l’éternité. On m’a ôté toute humanité sauf celle de l’esprit. Croyez-moi, ma damoiselle, je souhaite plus que tout au monde me promener avec vous sur le sable chaud d’une plage sous les rayons du soleil… Je sais que mon histoire vous fera peur, que ma nature vous fera croire que je suis le fils du démon… Je vous demande de me comprendre, Blanche, et d’entendre mes paroles lorsque je vous dis que je vous aime, que je vous idolâtre, même, et que vous n’aurez jamais rien à craindre à mes côtés… S’il vous plaît, entendez-moi. »

J’en pleurais presque, tant la pensée de la voir se retourner et s’esbigner en hâte m’était insupportable. Je fermai les yeux, les larmes de sang à deux doigts de quitter le coin de mon regard clos. Mais au lien d’entendre ses pas s’arracher à moi, je sentis la douceur de son toucher contre ma joue, puis ses lèvres contre les miennes.

« Je vous entends, monseigneur. Je ne me laisserai point rabaisser à des préjugés aussi ignobles, j’en suis une victime au même titre que vous de par mon incapacité à procréer. Votre nature ne m’effraie guère, votre cœur me plaît et m’a immédiatement charmée… Je serai trop irréfléchie de vous fuir et de nourrir la moindre rancœur à votre égard à cause de ce à quoi vous ne pouvez rien. Relevez les yeux, Wellan, je ne vais nulle part. »

Lyr
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Baby Gray
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Mémoire de Blanche

« Vous savez, Léandre, je crois que vous ne vous êtes jamais vraiment rendu compte de la puissance des sentiments que Wellan pouvait vous vouer. Je ne vous connaissais pas encore réellement, vous, Callan et Théodène, lorsque vous avez transformé le jeune humain en l’un des vôtre, mais je puis vous assurer que c’est à partir de cette nuit-là que mon tendre Wellan commença à afficher des émotions que je n’avais jamais vues sur son faciès : la tristesse et le désespoir de l’impuissance. Je ne prétends pas pouvoir vous cerner, malgré les nombreuses années durant lesquelles nous nous sommes côtoyés mais durant lesquelles nous ne nous sommes jamais vraiment rapprochés. Vous m’avez toujours semblé être un personnage mystérieux et tourmenté, mais j’estime pouvoir affirmer que vous êtes du genre aisément influençable et probablement peu stable, ne serait-ce qu’en voyant aujourd’hui où ce Callan vous a emmené par le bout du nez.

Depuis que j’ai appris à le connaître, Wellan vous a toujours considéré avec cette lueur spécial, émerveillée, dans le regard, qui ne vous était destinée qu’à vous, et seulement vous, jamais  ne serait-ce même à moi, où à Théodène. Une lueur immortelle, qui jamais ne se tamisa, pas même lorsque vous rentriez la gueule encore dégoulinante des fluides de votre repas, pas même lorsque vos yeux n’affichaient plus le moindre sentiment, ni pour lui, ni pour Théodène. Son cœur est généreux, excessivement généreux, et quoi que vous puissiez faire, Léandre, il vous le pardonnera toujours. Toujours, veuillez bien me croire. Son indulgence surpasse même celle de Théodène, qui finissait par venir se recentrer auprès de lui car ils savaient pertinemment ce que vous boutiquiez avec Callan. Il lui suppliait d’essayer de le ramener à la raison, mais quels que fussent les efforts que l’on pût faire, vous sembliez imperméables à toute aide. Vous ne voyiez même pas combien Théodène souffrait de vous voir dépérir dans les ténèbres de la décadence. Vous étiez en train de devenir tout ce qu’il avait pu craindre que vous ne seriez. Il avait essayé de vous inculquer des valeurs louables, et vous, vous bafouilliez ce qu’il s’était efforcé de vous apprendre. Vous faisiez exactement l’exact contraire de ce qui vous avait été instruit. Vous finîtes par perdre foi en l’humanité que Wellan chérissait tant. Vous finîtes même par perdre foi en les paroles de votre père.

Théodène vous chasse, car, comprenez-le bien, vous le faites souffrir. À chaque fois que vous partez massacrer je ne sais quelle pauvre créature, vous remuez le poignard que vous lui avez vous-même planté dans le dos. Alors il se sent inutile, le labeur qu’il avait effectué avec vous, Léandre, durant plus d’un siècle vient de partir en fumée. Il avait suffisamment souffert pour qu’un signal d’alerte lui fasse comprendre qu’il lui fallait étouffer le tison de ses affres. En vous chassant, Théodène vous a probablement brisé le cœur, s’il demeure encore mussé derrière votre regard inébranlable, au même titre qu’il a brisé celui de Wellan.

Je me demande si Wellan comprend votre virement soudain, passé d’une humanité respectueuse et paisible à une cruauté sans merci. Moi-même je ne puis réellement saisir les raisons de votre chute, mais j’ai la forte intuition que la seule personne à même de vous comprendre dans ce monde, c’est Wellan. Lui, a contrario, aurait eu l’indulgence de vous pardonnez vos élans sanglants. Il supplia, figurez-vous, Théodène de revenir sur ses paroles, pour qu’on vous donnât une énième chance d’obtenir le pardon. Il était, et est toujours, convaincu que votre semblant de perdition n’est qu’un moyen ab irato pour vous de manifester vos troubles, une crise identitaire existentielle latente.

Des écarts et de maladresses, Wellan n’en était lui non plus pas ablué. J’en suis probablement le meilleur exemple. Théodène me raconta une fois ce qu’il avait dit à Wellan à mon propos. Il lui avait sommé d’arrêter de me voir, pour ne pas qu’il s’attachât trop à moi, pour ne pas qu’il souffrît trop de ma condition humaine, car vampiriser quelqu’un même par amour ne faisait pas – pas vraiment – partie des valeurs de Théodène. Par conséquent, l’ayant manifestement écouté à la lettre, Wellan disparut de ma vue du jour au lendemain, comme s’il n’avait été qu’un fantôme de passage en ville. Il me fuit, m’évita expressément, durant de longues années, alors qu’il était en vadrouille avec votre père. Il fallut que l’ergotisme me tirât au seuil même de la mort pour qu’il m’apparût à nouveau. Je crus aux premiers abords qu’il n’était finalement qu’un véritable fantôme, une apparition due à la maladie qui me rongeait de l’intérieur. Son visage était maculé de larmes cinabrines, son teint plus blême qu’à l’accoutumée. Il me murmura ses regrets, puis je le rassurai en lui assurant qu’il n’eût rien pu faire pour aller à l’encontre de ma maladie. J’avais bien oublié que cela était faux. Mais à peine émergée de mon état léthargique, je sombrai à nouveau dans les méandres des songes. Et je pense que pour la première fois de sa vie, Wellan se montra égoïste.  

Je me réveillai, un jour prochain, peut-être simplement le lendemain, avec cette étrange impression de légèreté et d’avoir sué durant mon long sommeil, d’avoir été crispée durant une période si étendue que désormais, tout mon corps était détendu et lénifié. Je découvris Wellan à côté de moi. Je ne saurais dire comment cela fut vraiment possible, mais je pus sentir qu’une certaine tension sévissait en lui, une anxiété, une angoisse. C’était comme si je pouvais la ressentir moi aussi. Je me rendis bien vite compte que je pouvais, en réalité, la ressentir comme un écho au fond de moi.

Vous voyez, Léandre, tout le monde fait, un jour ou l’autre, des erreurs. Un jour j’ouïs un individu me dire : la seule véritable erreur est de s’entêter dans son erreur, de ne pas l’admettre et de ne jamais en tirer des leçons. Les bonnes personnes font parfois de mauvais choix. Et peut-on vraiment dire que c’est une erreur que d’avoir aimé passionnément ? Comme vous aimiez Callan, comme Wellan vous aimait, comme il m’aimait ? Il a fait de moi l’une des vôtres, de manière tout à fait égoïste, comme on avait fait de lui une créature de la nuit. Sans demander le moindre avis, uniquement pour taire une souffrance personnelle. Je sais que Wellan n’en veut pas à Théodène, ni à Léandre, d’être là où il se trouve aujourd’hui, car moi-même je ne nourris pas le moindre ressentiment à son égard. Ni au vôtre. Si je retins bien une chose de Wellan, c’est que les erreurs sont toujours pardonnables, dès le moment où celui qui les a commises prend le courage de les admettre. La rancune n’est qu’une perte de bonheur que l’on s’inflige à soi-même.

Si je vous adresse cette lettre aujourd’hui, Léandre, c’est pour la bonne raison que je sais pertinemment que Wellan ne le fera pas, et que j’estimais qu’il était important que vous fussiez au courant de certains éléments que j’ai déjà mentionnés plus haut. Il vous aime bien plus qu’il a probablement jamais aimé quiconque. Peu importe bien ce que vous pouvez penser de lui, qu’il vous haïsse, que vous le répugniez, qu’il vous jalouse, qu’il vous méprise, que vous ayez pitié de lui et qu’il ait pitié de vous ; ne retenez qu’une chose : il vous aime, d’une manière qui dépasse toute raison, toute logique, mais il vous aime et vous aimera toujours, quelles que soient les abominations que vous pourrez bien commettre à l’avenir. Et Dieu sait que l’amour nous manipule comme de misérables pantins et nous rend maîtres dans l’art du crétinisme. Nous avons pu en être les témoins de nombreuses fois, n’est-il pas ? Si Wellan devait vraiment en vouloir à quelqu’un, ce serait indubitablement Callan. Mais même lui, même après toutes ces horreurs commises gratuitement, ces manipulations vicieuses et savamment pointées, l’Allemand ne parvenait pas à le haïr pleinement et catégoriquement. Il ne voit que le bon, que le meilleur, au fond de chaque être, et ne juge pas les personnes par les erreurs qu’ils commettent, mais par leur capacité future à les admettre, les assumer, et vivre avec.

Alors, si d’aventure vous lisez cette lettre, cher Léandre, sachez tout cela. »


NERION
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Baby Gray
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1312

De cinq immortels forts de leurs capacités, nous passions à trois êtres brisés par une séparation que nous nous infligions nous-mêmes. Nous continuâmes notre route à travers l’Europe, ne restant jamais au même endroit un trop grand nombre d’années pour ne pas attirer les soupçons et la crainte de la race humaine. Je découvris aussi, durant ces années, l’existence, plus abondante que je ne le pensais, de nos semblables vampiriques. Théodène me parla de son Sire, Tybalt, premier infant même de notre père à tous, qui avait mis la main sur Léandre. J’en rêvais, parfois, lorsque le sommeil emportait mon esprit dans des lieux où tout semblait possible. C’était comme si je pouvais les voir, à s’extasier du sang mêlé qui macule leurs crocs. Je tendais le bras, pour attirer Léandre vers moi, j’essayais de lui parler, mais j’en étais tout simplement incapable, je n’étais rien, je n’avais aucune forme physique. Arrête tes enfantillages, Léandre, et rejoins-moi. Rejoins-nous. Je peux voir l’insalubrité de vos pensées, ce n’est pas toi, n’écoute pas Tybalt, n’écoute que toi, je sais qu’au fond de toi, tu n’es pas une mauvaise personne. Je le vois, et je le sais.

L’absence de Léandre perturba Théodène plus qu’il ne le laissa paraître, car je pouvais sentir qu’une idée germait en lui. Ces immortels, que nous croisions, il essayait de les rassembler derrière ses idées. Il rameutait les utopistes en tentant de les élever comme il nous avait éduqués, Léandre et moi, et de les monter contre ces gens, ces créatures, aux esprits noirs et dangereux pour les êtres humains. Tybalt était certes une grande menace pour les humains, si ce n’est la plus grande, mais il n’en était de loin pas la seule. Les vampires cruels, assoiffés de sang et sans la moindre considération pour ce qu’ils prenaient pour de simple sac de sang, étaient bien plus nombreux que ce que nous pouvions l’imaginer. Ce fut Théodène qui eut l’impulsion de mettre en place une alliance de personnes influentes en mesure de protéger les humains contre toute menace. Nous nous croyons assez forts pour les protéger. C’était peut-être présomptueux de notre part, nous nous prenions pour des dieux qui veillaient sur les « pauvres » humains. Théodène possédait une véritable envie de protéger les humains et de répandre le bien, mais il se faisait d’eux, par conséquent, peut-être une vision légèrement erronée.

Petit à petit, le réseau prit forme, mais il n’était qu’un réseau. Rien de tangible. Ce n’était qu’un lien qui commençait à se former entre certains vampires et certains humains. Avec lui grandit un sentiment de sécurité qui tendit à rapprocher vampires et humains. Ce que nous voulions par-dessus tout, c’était qu’humains et vampires puissent cohabiter sans peur, sans déclencher de conflits ou de guerre… Et un réseau d’idée, de comportement, ne serait absolument pas suffisant, c’est pourquoi nous prîmes rapidement la décision d’ériger un endroit où rassembler tout le monde sous la même enseigne, celle de la paix et de la tolérance. Celle de l’avenir. C’est lorsque nous atteignîmes le nord de l’Angleterre que nous déposâmes la première pierre de ce qui deviendra pour nous le premier Quartier de la Fondation. Le Quartier fondamental. Le premier bâtiment. Maintenant que Léandre était parti, je ressentis le besoin de penser à autre chose et je me jetai donc corps et âme dans la construction de nos idéaux. Trois années de dur labeur avant qu’elle n’ouvrît ses portes et qu’on accueillît les premiers membres. D’abord, la Fondation ne fut composée que de quelques individus, étroitement liés par leurs convictions et leur manière de penser, ils étaient principalement des vampires. Puis, semaines après semaines, nous parvînmes à ramener de plus en plus de membres et agrandîmes ainsi nos rangs…

Vivre ensemble, c’était cela, le but principal, le premier but, jusqu’à ce que le monde changeât considérablement avec l’apparition des royaumes vampiriques, notamment en Palestine, sous le joug de Balian de Lusignan, et de Voltteri Vehviläinen en Finlande, dès 1312. Aussitôt, il fallut que nous réagissions. Nous créâmes d’autres Quartiers dans ces villes et endurcîmes nos conditions d’entrée et l’impact sur nos membres. Désormais, chacun et chacune devait être ardemment interrogé pour rendre compte de la sincérité de ses intentions et de sa loyauté. Les vampires avaient l’interdiction de mordre ou de tuer un humain, ce qui découlait d’une certaine logique étant donné que la plupart d’entre eux étaient des vampires ayant conservé toute leur humanité dans leur esprit. Ils se nourrissaient principalement de sang animal. Les humains devaient emprunter un chemin difficile, celui d’une formation hors du commun, afin de nous assurer de leurs bonnes intentions et de leur fiabilité. Les êtres humains étaient entrainés à repousser l’hypnose des vampires, à encaisser des souffrances physiques et mentales intenses dans le but qu’aucun d’entre eux ne révélât quoi que ce fût sur la Fondation et sur ses membres. Cela pouvait sembler cruel, pour des gens ayant l’ambition de protéger les humains… mais chacun d’entre eux nous remerciaient après la fin de leur formation. Tous, humains, vampires, étaient formés à l’art du combat, à la maîtrise d’une multitude d’armes, mais par-dessus tout, à la maîtrise de soi-même.

Nous faisions croître une véritable armée dirigée par des convictions saines et humaines, habitée par une profonde harmonie, pour combattre l’oppression de ceux qui mettent en péril leur sécurité et leur liberté. Une armée, soudée comme une famille. Je n’aime pas voir ces humains, rescapés du fléau carnassier des vampires, comme de soldats sans cœur, sans crainte…. Non, ils font partie de ma famille. Ils font partie de ce que Théodène a créé. Ils font partie de moi. Et ils ne sont que ce qu’il y a de plus humain sur cette Terre. Des humains auxquels il est arrivé de mauvaises aventures. Des humains endurcis par leur douleur.

Et nous nous tenons là, Théodène, Blanche et moi, aujourd’hui fiers de ce que nous avons accompli et déterminés dans nos actes. Et je ne peux m’empêcher de songer à toi, Léandre. En ce moment même, si tu avais été en notre compagnie durant toute l’élaboration de la Fondation, pourrais-je déceler une lueur de bonheur sur ton visage ? Es-tu heureux, où tu es, Bruder ?


NΞRIOИ



1456

Tout le monde est calme autour de cette table, tout le monde sauf nous deux. Je te regarde. Tu as peur. Tu hésites… Regarde-toi, tu n’as rien à faire là, tu n’as même pas envie d’être là… mais tu hésites, tiraillé par la décision que tu penses devoir prendre. J’aimerais me lever de mon siège et venir t’étriper, battre ton visage apeuré et perdu, j’ai envie de déverser ma haine en toi et écraser mes poings contre ce visage pétrifié jusqu’à ce qu’une lueur de raison en émane. J’ai envie de t’infliger une douleur au moins égale à la mienne. C’est aujourd’hui la première fois que nous nous revoyons depuis deux cents ans, et c’est avec peine que tu m’adresses ne serait-ce qu’un regard. Tu es le seul être à avoir jamais avivé une telle colère en moi. Tu me dégoûtes, Léandre, tout ton être me répugne. Ce pauvre vampire, regarde comme il est jeune. Ne vois-tu pas qu’il n’a jamais eu l’intention de commettre un crime ? Ne le vois-tu pas dans ses yeux ? J’ai envie de courir vers lui et de le rassurer, de lui dire que tout ira bien, que je vais m’occuper de toi. Je vais te sauter à la gorge et arracher tout ce qui relie ta tête à ton buste. Ta place n’est pas avec lui, Léandre, mais avec nous. Renonce à tout ça, renonces-y et viens avec nous, partons d’ici. Je m’apprête à me lever mais une force impalpable me retient fermement encastré dans mon siège. Théodène. « Je t’avais dit que me faire venir ici était une erreur, Théo. Tu aurais dû venir seul. », lui ai-je dit, de manière à ce que personne ne puisse m’entendre. Son regard m’ordonne de me calmer, et de laisser tomber. Nous ne pouvons rien faire, le mal semble déjà avoir été fait. Et raisonner une bande d’aliborons comme ceux-là semblaient être une tâche tout bonnement impossible en des temps pareils, surtout lorsque ce sont des gens bornés qui font régner l’incohérence.

Oui, nous t’écoutons, Léandre, quelle est la sentence pour un vampire qui a trahi le Secret ? Pour un jeune vampire qui eut la malchance de s’égarer car son Sire était absent et n’assura guère son éducation ? Je regarde chacun des vampires dans la pièce et tous pourraient être capables de me dégoûter de ce que je suis, tous le font, mais pas autant que toi, et que ton nouveau binôme, Tybalt. Je ne lui adresse même pas un regard tant je le méprise, ce qui ne me ressemble pas. Tu as ouvert la bouche. De tes lèvres, les mots ont pris leur envol et sont venus se planter dans ma poitrine comme un milliard d’aiguilles. J’eus l’impression que mon monde s’écroulait. En une fraction de seconde, les espoirs que j’avais nourris à ton égard durant les deux cents dernières années furent réduits en cendres. Ta sentence est inhumaine, irréfléchie, irrespectueuse et amorale. Le jour où les gens au pouvoir se montreront peut-être indulgent marquera le début de la paix. À qui n’est-ce pas arriver de commettre une erreur, durant sa jeunesse ? Surtout toi, Léandre, qui est bien placé pour comprendre cela, n’est-ce pas ? « Fais quelque chose, Théo. Bon sang, fais quelque chose ! », lui adressai-je mentalement. Les rires des uns me poignardaient les entrailles tandis que les quelques indignations des autres tendaient à me rassurer… Nous n’étions pas seuls face à ces fous. Mais comment pourraient-on être en accord avec cela ? De torturer un vampire – un enfant ! – parce qu’il n’a pas bénéficier d’une éducation au même titre que les autres ? N’y avait-il donc point de loi sur la prise en charge des vampires orphelins ? Un Sire n’avait-il point d’obligations ?

J’échappe à la contrainte de mon Sire et me lève ; mon regard t’aurait sans doute assassiné sur place s’il en avait été capable. Nous sommes frères par la nature, mais étrangers par l'éducation. Tu aurais pu faire tellement de choses aujourd’hui, Léandre… Avec un si grand pouvoir entre les mains, tant de choix s’offraient à toi, mais parmi tous, tu as choisi le pire. Et tout cela au nom d’un Secret que chaque vampire se doit de garder, pour la simple raison que des vampires comme vous existent. Mais quelque désespéré, perdu et torturé que tu puisses être, tu n’es point bête, Léandre. Tu sais très bien ce que ton acte engendrera. Alors ne viens pas vers nous avec ce regard de chien que l’on bat. Ne viens pas nous demander quoi que ce soit après ce que tu viens de faire. C’est toi qui viens de détruire tout ce qui avait pu nous lier auparavant. Qu’espères-tu en l’implorant de la sorte ? Qu’il t’accueille à nouveau à bras ouverts et que nous t’emmenions avec nous ? Non, Léandre. Non, tu viens de nous donner toutes les raisons de ne pas le faire. Tu viens de nous briser. Écoute ton Sire et va-t’en. Je ne veux plus jamais te voir, Bruder.

Des larmes cinabrines se sont mises à rouler le long de mes joues. Je perds un frère, je perds espoir en lui et en le monde tout entier. La haine me serre la gorge et je ne me reconnais plus. Je ne t’adresse pas la parole, ni même un regard, car les mots manquent à mes émotions et le silence est un ami qui ne trahit jamais. Je m’esbigne ; ma présence ici m’est devenue insupportable. Je n’ai rien à faire ici, et la moindre seconde en plus ici pourrait me faire perdre la raison. Je suis rentré, j’ai retrouvé Blanche, mon ancre à la raison, celle qui m’empêche de dériver quand les temps sont difficiles et que les vagues veulent m’emporter, qui a su trouvé les mots pour que mon esprit se recentre et que mes pensées reprennent le droit chemin. « On ne guérit d’une souffrance qu’à condition de l’éprouver pleinement. Maintenant tu peux entamer ta route vers la guérison. »

« Blanche, tu m’accompagnes avec loyauté depuis les débuts de ma vie, et les débuts de la tienne. Cinq siècles sont passés maintenant sans que tu ne me failles une seule fois. Théodène dit que j’étais bien trop jeune lorsque j’ai fait de toi l’une des nôtres et pourtant, pas un instant je n’ai regretté de t’avoir à mes côtés. Je t’aime, Blanche, de tout mon cœur, de toute mon âme. Sans toi je peinerai à me tenir là, encore debout, aujourd’hui. Merci. »


NΞRIOИ



1599

Quand Théodène voulut que je l’accompagne à nouveau à un conseil en 1584, je le lui refusai. Je refusai catégoriquement de revoir ce monstre qui jadis fut mon frère, ce type autour duquel le monde semble constamment tourner. Il est plus facile de pardonner à un ennemi qu’à un ami. Mais je ne pus le lui refuser bien longtemps. Une guerre se profilait en Finlande. Les humains se rebellaient contre le régime mis en place par Vehvilaïnen, ils en avaient assez de subir le courroux de vampires qui ne tenaient pas en place. Nous avions sommé Viljami, l’un des membres les plus importants de la Fondation sur les lieux de Turkää, de tenter de raisonner les humains sur place, de calmer les ardeurs entre ces deux peuples, et l’indifférence de Léandre face à la situation faisait que la situation n’avançait qu’à pas de fourmis, et nous gagnions un peu de temps. Léandre n’avait pas envie de prendre la moindre décision, et pourtant, il redoutait son sort s’il trahissait son nouveau Sire. Théodène fut prêt à pardonner les actes de Léandre, et moi, je n’avais qu’une envie, aller à Turkää et mettre un terme au conflit. Faire descendre le Vehvilaïnen de son trône, réduire son royaume en cendre… Nous finîmes bien par nous y rendre, lorsque ce fut Tybalt qui prit la décision de déclarer officiellement la guerre, mais Théodène et moi fûmes forcés d’intégrer les rangs de Tybalt, chaque vampire du Conseil devant se présenter… sous peine d’une sanction digne de ce pauvre martyr à Orange. Des massacres, enchaînés les uns sur les autres pendant plus de dix ans. Le sang coulait sans jamais s’arrêter, et rien ne laissait ne serait-ce que prévoir une lueur de victoire, aussi bien dans un camp que dans l’autre. Théo et moi ne nous battions pas… Nous ne pouvions ôter la vie d’êtres humains de manière aussi gratuitement… Au contraire, nous voulions les protéger… Mais comment aurions-nous pu prévoir ce qu’il se passa par la suite ? Tybalt avait-il appris l’existence de la Fondation ? Fut-ce lui qui prémédita tout ce qui se passa par la suite ?

J’ai pu vivre plusieurs fronts quand je n’étais encore qu’humain, maintenant que je suis un vampire, la situation est bien différente. Dans ces moments-là, je ressentais la guerre, comme si mon esprit s’étendait tout autour de moi. Je ressentais l’atroce souffrance de chacun, je ressentais le cœur de chaque humain qui se dévouait corps et âme pour leur vie. Je ressentais les blessés et les morts, je les sentais tomber au combat, heurter le sol et je pouvais ressentir la vie les quitter, les uns après les autres, comme un souffle succinct qui s’évanouit aussitôt libéré. Et je l’ai senti lui. Ce souffle si particulier, et familier… je l’ai vu quitter cet être que je chérissais tant. J’aurais voulu retenir sa vie entre mes mains mais déjà, elle me glissait des doigts. Tout s’arrêta. Je franchis le champ de bataille sans même voir ce qu’il s’y passait. Je ne m’occupais que de ce corps gisant dans la poussière du sol, entre les brumes nocturnes du Nord. « Non… » Mon épée heurte le sol, puis mes genoux. Mes mains tremblent quand je ramasse la tête de Théodène et que je viens la poser à sa juste place, juste là, au-dessus de son cou. « Non, non, non… Ça va aller, Théo, ne t’inquiète pas, tout va bien. » Mes larmes perlent sur ma mâchoire et tombe sur son corps immobile. Inerte. Sans la moindre trace de vie. Un cri me perce les tympans et Léandre est là, à côté de moi. Je renifle mes sanglots. « Sauve-le, Léandre, je t'en supplie. Sauve-le. » Je déglutis. Ma voix peine à sortir de ma bouche, entre deux sanglots. Je caresse son visage, ses cheveux. Il ne peut pas nous quitter… Non, non, non, il n’en a pas le droit. Pas maintenant. Je fixe Léandre, qui tente de recoller la tête de notre Sire à son corps, qui lui donne de son sang, qui tente même de le mordre à nouveau… Je regarde ses yeux, vitreux, perdus dans le vide, et l’évidence me frappe. Il est mort. Notre Sire est mort. Je ferme ses paupières et regardent Léandre s’évaporer dans la brume environnante. C’est ta faute, Léandre. Tout est ta faute. Les forces me quittent et je m’évanouis là, à même le sol, littéralement abattu. Je me réveille quelques heures plus tard et la guerre est finie. Je ne comprends rien. Les larmes ne me quittent plus et souillent encore mon visage.

Par la suite, je ne sais pas où Léandre est passé, j’ignore s’il est encore avec nous, s’il est contre nous. La mort de Théodène ne me laissa qu’un goût âpre sur mes lèvres et sur mon cœur, qui se mut lentement en hargne, et en ce désir qui me poussa à réussir là où nous avions échoué auparavant. Théo était peut-être mort, cette nuit-là, mais il continuera de vivre à travers ce qu’il avait accompli durant sa longue vie, et à travers mes actes. Durant les années qui suivirent, je travaillai d’arrache-pied pour étendre la Fondation au monde entier, pour que celle-ci puisse venir en aide aux humains de toute cette Terre. Je créai des quartiers dans pratiquement chaque pays qui forgent cette planète, du moins partout où il existait une cité vampirique. L’amertume que la mort de Théodène m’avait laissée, je la muai en flamme… Et grâce à cela, la Fondation grandit de jour en jour, en Europe, en Amérique, en Asie, partout. Chaque jour nous comptions plus de membres. La Fondation, et Blanche, toutes deux étaient désormais mes seules raisons de vivre.

Je peux ressentir chaque être vivant sur cette Terre… Et un jour, je les aurai tous mis en sécurité.

La mort de Théodène m’affecta bien plus que je ne l’admettrai jamais. Je souffrais d’un vide en moi, comme si j’étais redevenu ce gamin orphelin qui habite mon passé. J’étais certes déterminé, mais plus froid et plus strict que jamais. Je n’étais qu’un fantôme, entièrement consacré à sa tâche, à la tâche de rendre son Sire fier. C’est à partir de ce jour-là que mes hommes commencèrent à parler de moi comme un homme dur et sec, parfois rude. Je ne suis ni tendre, ni aimant avec eux, mais je veux leur bien, leur sécurité est tout ce à quoi j’aspire. Mais le Wellan aimant, souriant et chaleureux est mort, cette nuit-là. Et plus rien ne le fera jamais à nouveau revivre. Un froid glacial s’est installé en moi et ne me quittera plus jamais. La vie n’est qu’une longue perte de tout ce qu’on aime, de tous ceux qu’on aime… Je le comprends, maintenant. Même si je nourris l’amère impression que la vie est passée avant qu’on ait pu même pu la vivre.


NΞRIOИ



1715

T'sais, là tu décris les trucs importants, comme les news, le contexte, les groupes, les changements de l'intrigue, ou ça peut même servir de poste pour les RP =) Pis si t'as envie, tu peux même changer l'image, parce que des fois, il y a quand même des gif vachement stylés.  

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Jaimie R. Cook
feat. Ben Barnes

Nom : Cook, patronyme sans racine que l'on n'entend que trop souvent dans la bouche de ses interlocuteurs. Souvent employé en compagnie de son titre : « le soldat Cook », « l'agent Cook ». Ou plus rarement, ses connaissances les plus proches lui attribuent l'ignoble surnom de « Cookie ».
Prénom(s) complet(s) : Jaimian, signature sophistiquée, à l’élégance qu’il juge trop froide et qui n’apparaît jamais que sur ses papiers d’identité. Il préfère trop souvent l’adoucir avec le surnom bien plus affable « Jaimie », qui sait plus élégamment s’attirer la sympathie de ses interlocuteurs. Raphaël, dernier vestige d'un ancêtre oublié, et de sa peau de chagrin.
Race : Un simple et misérable humain, dont l'humanité s'est engourdie au fil du temps.
Âge : une peau étonnamment bien conservée après trente-quatre ans de vie intense.
Groupe : Tullamore. La vermine de l'humanité, résistante comme les cafards. Cet alignement résonne en lui jusqu’à la moelle.
Origines : Les États-Unis d'Amérique. Le pays des grandeurs. Là où tout est possible.
Métier/Rang : ancien soldat du SEAL dans l’armée américaine, puis agent « chasseur » du groupe paramilitaire d’opérations spéciales au sein de la CIA, il est aujourd’hui responsable de la sécurité et des forces armées de l’organisation de Tullamore.
Apparence

Décrire ici l'apparence du personnage, ses mimiques, son expression, ce qu'il dégage d'un point de vue extérieur
Pouvoir
décrire ici les pouvoirs de vos personnages. Attentions, ils sont limités en nombre de un, complémentaire au pouvoir naturel de mentalisme des vampires ainsi que leur capacité d'hypnose. Toutefois, tentez de ne pas en faire des pouvoirs surpuissants. Le staff se réserve le droit de le refuser en cas d'abus.
Psychologie
indifférent | arrogant | intrépide | exigent | résilient | flegmatique | rusé | incoercible | assuré | égoïste | méticuleux | enjôleur | impénitent |

Incoercible > Cook n'a rien à perdre. Il fait ce qu'il veut, sans demander l'avis de qui que ce soit, sans même se préoccuper de ce que d'autres peuvent penser. Seules ses passions habitent ses gestes et insufflent à sa détermination un caractère inébranlable. Il est comme un boulet de canon dans le vide. Rien ne le freine dans ses actions. Au front, aucune famille ne vient perturber ses pensées. Aucun intérêt amoureux ne vient briser sa concentration lorsqu'il réfléchit à la prochaine mission à réaliser. Aucune émotion néfaste ne vient semer le trouble dans sa tête dans une situation d'urgence. Il ne craint pas. Il ne tremble pas. Une seule chose l'intéresse : mener la mission à bien, atteindre l'objectif avec succès et en ressortir vivant, pour profiter de la gloire de ses exploits.

Égoïste > Cook ne s'intéresse pas réellement à autrui. Aucune famille n’est venue avec lui lorsqu’il a accepté d’être muté à Polaris, et aucune famille ne l’attend chez lui. Ni parent, ni enfant, ni frère et sœur. Ni femme, ni concubine. L’attachement est une faiblesse, vous répondra-t-il, avec un air stoïcien. Certes, il apprécie la compagnie de ses frères d’armes, il n’aime que trop la compagnie des femmes et des hommes dans son lit, les rires échangés. Il sait se montrer avenant, affectueux, attentionné et bienveillant avec ces personnes, voire même doux et complice, mais son cœur est nécrosé, son esprit amputé de cette capacité à trouver une quelconque importance dans ce genre de relation. Il ne parvient pas à comprendre comment ce genre de relation, comme l'amour fonctionne, c'est pourquoi la seule chose qu'il finit par aimer, c'est lui-même. Il s’ébranle autant qu’une statue de marbre lorsqu’il s’agit de faire des adieux, que ce soit à ses camarades en quittant l’un des foyers, en terminant l’USNA, ou à ses confrères militaires lorsqu’il s’est enrôlé dans une unité différente. Les morts, il ne les pleure pas. Il respecte et honore leur mémoire, mais il reste imperméable aux poignards que lancent les larmes et le deuil. Les fantômes de ses victimes ne viennent jamais hanter ses rêves, aucune culpabilité ne le ronge, même après être ressorti seul survivant d’une mission, pourvu que l'objectif a été atteint. En effet, l'autoconservation devient le seul pilier de son monde.

Coriace > Aussi résistant qu'un tardigrade, il fait partie de ces vermines qui ne crèvent jamais, qui ne tombent jamais malade. Son corps s'est presque entièrement ablué des cicatrices de brûlures au deuxième degré suite à l'explosion d'une grenade, ses membres se meuvent à la perfection même après avoir reçu des éclats de balles dans la moelle épinière. Il est aussi virulent que la grippe espagnole et aussi tenace que le HIV. De la même manière, son mental montre une incroyable résilience. Malgré une enfance lamentable, son esprit reste imperméable aux chocs. Quels chocs pourrait-il avoir, allez-vous me dire, si cet étrange personnage ne semble être mû par aucune émotion ?


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Histoire

Décrire ici l'histoire du personnage en une cinquantaine de lignes minimum

Ils gisaient tous les deux sur le fond de sangle du lit dans la chambre où avait été trouvée Mlle l'Espanaye. Le corps de la jeune dame était fortement meurtri et excorié. Ces particularités s'expliquent suffisamment par le fait de son introduction dans la cheminée. La gorge était singulièrement écorchée. Il y avait, juste au-dessous du menton, plusieurs égratignures profondes, avec une rangée de taches livides, résultant évidemment de la pression des doigts. La face était affreusement décolorée, et les globes des yeux sortaient de la tête. La langue était coupée à moitié. Une large meurtrissure se manifestait au creux de l'estomac, produite, selon toute apparence, par la pression d'un genou. Dans l'opinion de M. Dumas, Mlle l'Espanaye avait été étranglée par un ou plusieurs individus inconnus. Le corps de la mère était horriblement mutilé. Tous les os de la jambe et du bras gauche plus ou moins fracassés ; le tibia gauche brisé en esquilles, ainsi que les côtes du même côté. Tout le corps affreusement meurtri et décoloré. Il était impossible de dire comment de pareils coups avaient été portés. Une lourde massue de bois ou une large pince de fer, une arme grosse, pesante et contondante, aurait pu produire de pareils résultats, et encore, maniée par les mains d'un homme excessivement robuste. Avec n'importe quelle arme, aucune femme n'aurait pu frapper de tels coups. La tête de la défunte, quand le témoin la vit, était entièrement séparée du tronc, et, comme le reste, singulièrement broyée. La gorge évidemment avait été tranchée avec un instrument très affilé, très probablement un rasoir.

NERION
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Baby Gray
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Messages : 71
ARRIVÉE : 30/08/2016
Localisation : je me situe dans mon lit, et le vilain Morphée me guette nuit et jour ; il adore me prendre dans ses bras, ce con.
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2043

Ils sont venus nous prendre, les hommes de Tullamore. Léandre et moi. Nous voilà enfermés dans cette pièce, aux murs blancs et brillants. Il est même difficile de déceler la porte, tant le cadre se fond bien dans la blancheur des murs. Sur le plafond, on voit tout de même un néon aussi blanc que les parois, et contre l’un des murs, il y a un petit banc sur lequel on a tout juste la place de poser nos fesses. Comment en sommes-nous arrivés là ? En voilà, une bonne question. La réponse n’est toutefois pas très compliquée, mais elle nous attribue une telle stupidité que j’en ai honte.

Les humains nous ont découverts depuis plus d’un an, alors que nous ne nous en étions pas rendu compte. Léandre  a toujours voulu se cacher de ces êtres surprenants et honorer le Secret Vampirique, et j’ai l’intime conviction que c’est bien cela qui va courir à notre perte. Dans l’ombre, dans le monde entier, les humains entendaient parler des horreurs que les vampires commettaient à River Crow – pour ne citer qu’une ville. Le bain de sang, dans lequel les partisans de Léandre et de la cruauté se complaisaient à se baigner, ont insufflé une effroyable sentiment de peur en chaque être humain. Ils nous craignent, et à cause de cela, ils redoutent également les autres créatures, lycans, sorciers, dont nous ignorions presque l’existence jusqu’aujourd’hui. Tout cela aurait sans doute pu être évité, mais malgré toute la science et toute la magie du monde, retourner dans le passé reste impossible. Car le passé n’existe plus. Tout ce qu’il nous reste, ce sont des souvenirs, plus ou moins nets. Comment nous nous sommes, Léandre et moi, retrouvés en prison, à Tullamore, par exemple. Cette prison dont on ignorait l’existence encore quelques jours plus tôt. En voilà histoire étrange…

La guerre a commencé il y a bien longtemps… Mais le Chaos, je pense qu’il a commencé à apparaître lors du premier Conseil Vampirique à River Crow, quelques mois plus tôt. Léandre a riposté contre mes avancées, comme s’il voulait toujours plus se séparer de moi, comme si un désir irrépressible de se rebeller sommeillait en lui. Le conflit durait depuis des siècles… Mais la guerre, il l’a déclarée ce jour-là. La presque totalité des représentants au Conseil était présente au Manoir de River Crow. J’y étais, forcément. J’ai laissé la Fondation derrière moi, avec plusieurs de mes collègues également représentants, et Léandre en a profité pour lancer l’assaut contre les miens. Quand j’ai compris ce qu’il se passait, j’ai voulu me lever et quitter cette misérable table ronde lorsque la porte s’est brusquement ouverte. Doucement, j’ai tourné la tête en direction du bruit, le regard avisé. Un nouveau-né a fait son apparition, la face défaite, boursoufflée par des coups violents de batte ou de massue, probablement. Son tibia et sa fibula étaient visibles, et je me suis demandé comment ce petit pouvait encore tenir debout, avant qu'il ne s'efface sur le sol, presque inconscient. Il peine à prononcer le nom de Léandre, et il ne m’en a pas fallu plus pour comprendre le lien qui les unissait. Il dégageait presque les mêmes saveurs que le sang de mon frère. Idée très fourbe de ma part, et je m’en veux toujours aujourd’hui ; j’ai profité de la légère tension et du remous de la salle pour me lever et rejoindre le nouveau-né. Usant de mes pouvoirs lénifiants pour l'apaiser, je me suis accroupi à ses côtés et ai passé une main dans ses cheveux. Je l’ai rassuré, je lui ai dit que j’allais le sauver. Le sauver de ses blessures, de son Sire, de la noirceur de son esprit, de toutes ses souffrances. Et je ferai tout cela pour sauver son Sire, Léandre. La cause de ce dernier n'est pas perdue. Il persistera toujours un espoir. Même si j’aimerais me convaincre que je ne suis plus capable de rien pour lui, il semblerait que ce soit physiquement, chimiquement, impossible pour moi.

Même si le jeune vampire était sûrement plus grand que moi, je n’ai ressenti aucune peine à le porter entre mes bras. Je ne souhaite causer de souffrance à personne, mais parfois il faut savoir faire certaines concessions pour atteindre ses ambitions. Atteindre Léandre de face, en voilà une chose pratiquement impossible. Car il se braque directement, il se met sur la défensive et il s’entête à persévérer dans sa déraison. Et, par dessus tout, il s'y complait. J’ai l’impression qu’il aime sa souffrance, qu’il a choisi de se forger une face torturée et irrécupérable, qu’il s'en est convaincu et que, maintenant, il repousse toute contradiction car il se complait dans ses lamentations. Sauf que c'est tout ça qui est lamentable. Et me voilà donc bien déterminé à lui faire retrouver la face douée de raison de sa personnalité. Je l’ai toujours été. Car dans de rares situations, elle reprend le dessus sur les tourments de son esprit. Parfois Léandre ne semble pas s'en rendre compte. Mais je le lui montrerai. Tu verras, Bruder, tu comprendras... Un jour tu vaincras tes tourments...

Je lui ai pris son fils, et je suis parti. Je l’ai fait mien. Je sais, j’ai honte de ce que j’ai fait. J’ai honte d’être rentré auprès des miens, dans cet hôtel qui appartenait à Graydon, justement, là où se trouvaient les derniers quartiers intacts de la Fondation, et de m’être enfermé avec l’infant de Léandre, tout ça pour l’atteindre et l’aider à retrouver raison. Si je ne pouvais pas l’atteindre de face, je l’aurais d’une manière plus fourbe… En m’attaquant à ceux qu’il aime… Qui étais-je en train de devenir ? Parfois, je me faisais peur… Mais je me rappelais la raison pour laquelle je faisais tout ça, et finalement, tout reprenait sens.

Il était le dernier infant de Léandre, qui devait l’aimer bien plus qu’il ne le montrait, alors je l’ai fait mien. Je lui ai donné de mon sang, et j’ai bu le sien. Pendant deux semaines entières, je suis resté enfermé avec lui, dans une chambre de son hôtel… Nous avons parlé de Léandre, de lui, et de moi… Grâce à Graydon, j’en savais plus sur les changements de perceptions que mon frère avec vécu tout au long de sa vie… Je me sentais bête. Et je le haïssais encore plus, et je l’aimais encore plus. Mon espoir s’en voyait attisé et endurci. Graydon ressemble tellement à Léandre. Il est empli de zèle et d’amour pour son Sire. Il est pur, entier et loyal, mais influençable et impulsif comme son père, avec cette arrogance enflammée en plus, qui me fait sourire. Son esprit était noirci par le sang et la vie de Léandre, mais comme ce dernier, je voyais que la lumière n’était pas exclue de ses pensées. Bien au contraire.

Je l’ai ensuite relâché, il était alors libre d’aller où bon lui semblait, même si je souhaitais ardemment qu’il reste encore un temps parmi les miens, parmi ce qui restait de la Fondation. Je voulais qu’il voie qui nous étions, ce que nous faisions, contre quoi nous nous battions… C’est là que j’ai pu voir que mon sang l’avait définitivement changé… Car il est resté avec moi. À la Fondation. Il s’est fait des amis. Et il a vécu quelques mois parmi nous, quelques mois de bonheur… Jusqu’à ce que je juge qu’il ait assez imprégné notre point de vue pour le laisser retourner vers Léandre… Il aurait pu retourner vers lui pendant tout ce temps, mais il est resté avec nous… Je crois qu’il voulait en savoir plus sur son Sire originel, sur l’histoire de River Crow… Je crois qu’il essayait de cumuler les points de vue pour se créer le sien, pour se faire un avis propre à lui-même, sans être influencé par qui que ce soit… Le puzzle avait pris place dans son esprit, il était temps qu’il retrouve Léandre… Je l’ai alors pris avec moi, ayant convenu d’un point de rendez-vous avec mon frère… Jusqu’à ce que Tullamore lance l’assaut, à ce moment précis où nous étions tous les trois réunis, comme une famille… Un rêve vain. Léandre nous a sauvé de justesse des bombardements, mais bientôt, Graydon disparaissait, et je me retrouvais seul avec mon frère, au milieu du brouhaha et de la violence. La poussière était épaisse et je peinais à trouver Léandre. Mais je l’ai trouvé enfin, et je l’ai sommé de retrouver les siens pour nous préparer à nous défendre, ou à fuir. « Je retrouverai Graydon, Bruder. Je te le promets. Fais-moi confiance. Réunis les tiens, et préparez-vous à vous battre… Je ne sais pas si tu le ressens aussi, mais j’ai un mauvais pressentiment… Promets-moi de dire aux tiens de fuir si les choses tournent mal… d’accord ? Va les avertir Léandre, vas-y ! WEG ! »

Sur le chemin du retour, j’ai vu l’étendue des dégâts. Le feu et le sang se répandaient dans le ciel noirci par la violence. La mort était proche, elle nous guettait, tous… Pire que la mort… La Malice, la torture, la douleur… Il ne fallait pas rester là. J’ai retrouvé les miens, alerte, et j’ai pris Scott Boyle à part, lui disant qu’il devait dire à toute la Fondation de fuir la ville par les sous-sols immédiatement, mais que lui devait d’abord l’aider à trouver Graydon avant de partir. Il fallait bien que je l’avoue, je m’étais attaché à ce petit… Sans doute plus qu’il ne s’est attaché à moi. Je n’aimais pas la façon dont je l’avais traité, il ne méritait pas que je l’utilise ainsi contre ou pour son Sire. Mais j’avais vu dans les tréfonds de sa personnalité qu’il était une bonne personne et qu’il souhaitait la même chose que moi… Du moins, c’est ce que je croyais.

Je cherchais Graydon. Mais je ne l’ai jamais trouvé. Je ne sais même pas si Scott est parvenu à le trouver pendant que les soldats de Tullamore mettaient la main sur moi. Sournois comme des aigles, ils ont plantés leurs crocs électriques dans ma gorge, m’ont jeté de l’acide qui s’est mis à ronger ma peau à vif et à faire fondre mes habits. Ils étaient d’une injuste violence. Ils ne me connaissaient pas, ils ne savaient pas que je ne leur aurais pas causé le moindre mal… Mais, ils étaient aveuglés par leur peur de notre race… J’ai senti mes cheveux fondre contre la peau de mon crâne, de même que ma barbe qui creusa ma peau jusqu’à révéler le blanc de mon mandibule et de mes dents… Je ne voyais plus rien… Je crois que l’on m’avait recouvert la tête d’un tissu opaque, mais je crois également que mes yeux s’étaient également fait ronger par l’acide. J’étais complètement nu, totalement impuissant. La douleur était tellement vive que j’avais l’impression de ne plus rien sentir, si ce n’est le fait qu’on me tire dans tous les sens. On ma jeté dans un véhicule, comme si je n’étais qu’un vulgaire esclave, et on m’a minutieusement attaché à l’un des sièges. On retira le sac qui me couvrait la tête, mais je ne voyais toujours rien. J’ai lentement recouvert une infime partie de ma vue, mais pas assez pour voir Léandre lorsque j’entendis avec peine sa voix, à l’intérieur du même fourgon. Mais mon esprit s’en allait déjà, et je n’ai pu lui faire le moindre signe.



Ça fait longtemps que je ne me suis pas retrouvé avec Léandre dans la même pièce que moi, avec un climat aussi calme que celui qui règne en ce moment. Je me suis assis dans un coin de la pièce, et je le regarde, la face impassible et les lèvres closes. Je ne sais pas quoi dire. J’aurais eu envie de le frapper, de lui faire comprendre que c’était sa faute si on se retrouvait tout les deux là, enfermés par ces humains apeurés et vicelards, que nous n’avions pas pu voir car nous étions trop occupés à nous faire la guerre entre nous. Mais ce n’est pas que sa faute, à lui. J’ai également une part de responsabilité à assumer dans notre situation. J’ai été aveugle, et peu prudent. Je me suis bloqué sur un seul objectif que je voulais à tout prix atteindre, si bien que j’ai fait complètement abstraction des obus qui venaient détruire mon chemin. De cela, je ne peux pas que blâmer mon frère de sang. Et je n’ai pas envie de songer à ce qui aurait pu se passer… car maintenant la situation est ainsi. Nous sommes tous les deux là, dans cette cellule, sans savoir ce qu’il va nous arriver… Et on ne peut rien faire pour changer notre situation… Alors à quoi bon ressasser le passé ?  
J’aimerais lui pardonner et que, lui, il me pardonne, pour tous ces coups et ces trahisons que l’on s’est infligés. Mais je n’y parviens pas, et c’est inéluctable. Dans ma tête, il n’existe qu’une seule façon, certes utopiste, dont les choses peuvent se terminer… Il retrouvera la foi en son humanité, et moi, je le retrouverai lui. Mais tant que cette fin, que je m’entête à espérer, ne se produit pas, je demeurerai tourmenté par les actions de mon frère jusqu’au dénouement final. Je suis peut-être excessivement oblatif, mais c’est ma tâche, à moi, de même que celle de Sisyphe est de pousser éternellement son rocher en haut de ce maudit sommet, en vain.

Je le regarde alors qu’il se trouve de l’autre côté de cette pièce sans âme. Un instant de nostalgie éveille mes souvenirs et je me mets à regretter, bêtement, les moments où tout semblait être parfait. Ce jour, par exemple, où j’étais encore humain, sur le trône de ma ville, Bürgstag, et entouré par des personnes au véritable cœur d’or, si ce n’est angéliques. Mes deux enfants, le Prince et la Princesse de la ville, devant moi, et ma femme, ma Reine, à mes côtés, et dont l’amour aurait pu me tuer comme la foudre s’abat sur les naïfs. Et puis Léandre, et Théodène, mes conseillers libres, qui m’épaulaient chaque jour et en qui je vouais une confiance aveugle… Léandre, qui deviendra mon frère. Je découvrais à peine cette drôle de tension qui planait entre nous, cette amitié, cet amour qui concurrençait avec l’amour que je portais à ma Reine. Si je n’avais écouté que mes pulsions, j’aurais peut-être fait de Léandre mon Roi, ma moitié, quoique les mœurs de l’époque ne fussent guère indulgents avec les unions de deux êtres du même sexe. Je l’aimais, ce Léandre affable, intègre et clément, qui mettait tout son cœur dans la pratique de ses bonnes convictions. Un véritable modèle… malheureusement trop sensible et trop influençable. Je l’aimais bien plus que je ne m’en rendais compte, j’étais alors comme dépendant à lui, et, dans les années qui suivirent, à chaque fois qu’il mettait de la distance entre nous, et quand il est définitivement parti, mon cœur s’est fané et s’est desséché comme une rose noire assoiffée…

C’est ainsi que je le vois, et que je l’ai finalement toujours vu. Même si, depuis ce jour-là, mon grand frère a commis d’innombrables erreurs, d’innombrables crimes, qu’il a laissé surgir les pires côtés de sa personnalité, qu’il s’est fait submerger par ses faiblesses et qu’il en a oublié ses forces. Je lui en veux à en mourir. Je lui en veux de ne jamais avoir daigné m’écouter quand je lui demandais de revenir auprès de moi, de Théodène et moi, d’envisager de se raisonner, d’arrêter de se laisser noyer par les ténèbres de sa personnalité, d’arrêter de céder dès la première occasion à la souffrance. Je lui en veux d’avoir été jaloux de Théodène et moi, je lui en veux de s’être cru tout-puissant… Peut-être lui en veux-je d’être lui-même tout simplement. Peut-être est-il profondément égoïste, présomptueux, frustré et arrogant. Peut-être se complait-il dans son rôle de roi-victime, de dieu déchu.

Est-ce que je sais vraiment qui il est ? Est-ce que je connais vraiment cet homme dans l’ombre duquel j’ai vécu la majeure partie de ma vie ?

C’est à cause de ces questions que je ne lui ai pas parlé pendant ce qui m’a semblé être plusieurs jours. Je ne savais pas comment réagir face à lui. Je ne savais pas si je devais l’aimer ou le haïr. Cette question a toujours été le pilier de ma vie. Mais je ne pense pas qu’il existe une réponse claire à cette question. Alors j’ai décidé de ne pas lui adresser la parole jusqu’à ce que j’aie accusé le coup de notre nouvelle situation.

Ce n’est que quelques jours plus tard que je lui ai adressé un signe. Après des jours où les humains m’ont examiné comme si je n’étais qu’un simple rat de laboratoire… Et c’est exactement ce que je suis à leurs yeux. Ils ont peur de moi. Ils ont peur des vampires, car ils ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas, de ce qu’ils ne comprennent pas. Mais la douleur physique n’est qu’un signal qui alerte notre cerveau. Elle ne me fera pas débiter plus de paroles lors des interrogatoires auxquels nous sommes fréquemment confrontés, car je ne crains pas la douleur purement physique. Nous. Léandre et moi. Je vois dans ces yeux qu’ils lui font subir la même chose qu’à moi. Et ce n’est qu’une semaine après que je lui ai adressé la parole, dans notre cellule. Je ressentais un picotement constant, comme si chacune de mes cellules recevaient des décharges électriques aléatoires. Une sensation familière, que j’ai ressenti souvent au cour de ma longue vie. C’est le manque, tout simplement. Le manque, cette addiction que j’avais développée presque neuf cents ans auparavant. Mélangée aux regrets, c’était cela qui lacérait chaque parcelle de mon corps, qui faisait hurler de douleur chacune des cellules de mon être.

C’était le manque illusoire que j’éprouvais pour le Léandre de ma première vie. Une abomination avec laquelle j’étais destiné à vivre, devenue une vieille amie, incernable, semant le doute dans mon esprit. Une abomination contre laquelle j’ai alors décidé d’arrêter de me battre futilement. Et tout ce que j’ai fait, c’est prendre Léandre dans mes bras, restant silencieux jusqu’à ce qu’on revienne nous chercher…


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